Temoignage de Aminata Ongoiba

Point focal deplace et membre du comite de veille

Malian woman with mask on.
30 Avril 2021

« Bonjour je m’appelle Aminata Ongoiba, j’ai 32 ans, je vis à Sévaré mais je suis originaire de Douentza. Avant de venir ici j’étais simple ménagère à Konobourou dans le cercle de Koro. C’est à cause de la crise que j’ai fuie pour rejoindre mon mari ici, accompagnée de sa mère, mes deux enfants, ma coépouse et ses huit enfants. Avant notre départ, 12 hommes de la famille de mon mari ont été assassinés en un jour. C’est plus 40 personnes qui ont été tuées lors d’attaques multiples à Konobourou. En tout, ce sont 84 cas de meurtres que nous avons enregistrés entre 2018 et 2019. Nous n’avons rien pu emporter lors de notre fuite, même de simples chaussures. A notre arrivée, ce sont des bonnes volontés qui nous ont offert des habits et des chaussures. Forte heureusement mon mari travaillait déjà à Sévaré en tant que gardien pour une entreprise locale donc nous avons directement emménagé avec lui. 

Au départ nous avions bénéficié de l’appui d’autres organisations qui nous ont donné de l’argent pour des produits alimentaires et du bétail. Il s’agissait de programmes d’urgence qui se sont terminés au bout d’une année. C’est à la suite de cela que j’ai appris l’existence du programme FRM et que je me suis faite enregistrée auprès de la direction nationale du développement social (DSDS). Avec mon premier bon de distribution je me suis procuré du mil, du riz, du sucre et de l’huile. En parallèle j’ai aussi reçu des tourteaux pour le bétail. Je n’ai rencontré aucun problème dans le processus d’échange. Depuis notre enroulement dans le programme FRM mon mari ne dépense plus d’argent pour le riz ou pour les condiments. C’est une réelle opportunité d’économie. Nos rations durent d’un à deux mois après la distribution. Nous nous organisons alors pour envoyer une certaine quantité aux membres de notre famille toujours installés au village. 

De notre déménagement à ce jour, les gens de mon village et de ceux du village de mon mari continuent d’affluer vers Sévaré. Nous qui sommes ici depuis des mois sommes devenus leurs hôtes et moi-même point focal des déplacés.  Pour résoudre le problème d’espace, je cherche des tentes qui nous serviront d’abri. Pour la nourriture, nous partageons d’abord nos rations avec eux.

Une fois qu’ils deviennent participants au programme, ils contribuent également et partagent leurs produits alimentaires avec les autres. C’est un système d’entraide réciproque. En plus du rôle de point focal des déplacés, je fais partie du comité de veille. Nous veillons à la bonne marche des distributions. Nous prévenons les cas de fraude, d’imposture ou d’abus. J’appuie également les déplacés dans leurs processus d’identification auprès de la DNDS. Nous signalons les populations vulnérables pour qu'elles soient prises en compte. 

Par rapport à la pandémie du coronavirus, nous avons tous bénéficié d’action de sensibilisation. L’accent était mis sur la propreté avec le lavage des mains ou l’utilisation de gel hydro alcoolique. Lors de ce rassemblement nous avons appris à respecter les distances sociales. Le port du masque est conseillé ainsi que les éternuements dans le coude. On a attiré notre attention sur l’importance du port du masque chez les enfants et du lavage des mains après les cours. 

Malgré les différentes aides, nous faisons toujours face à de très grandes difficultés et nous sommes inquiets quant à la fin du projet FRM. A ce jour, nous ne voyons aucune perspective similaire pour la prise en charge des déplacés. Nous avons besoin d’assistance sur le plan de la santé, de l’identification administrative et de l’éducation des enfants. Beaucoup de déplacés n’ont aucune pièce d’identité et n’arrivent pas à envoyer leurs enfants à l’école faute de moyens. Comme appui supplémentaire, nous souhaitons avoir toujours plus de produits alimentaires mais aussi des fonds de commerce pour développer notre activité agro-pastorale.

Nous remercions tout particulièrement les agents de Mercy Corps. Merci pour la distribution de produits alimentaires, pour l’appui aux agriculteurs, pour les travaux de réhabilitation de maison et d’infrastructures sanitaires. Nous vous souhaitons une bonne continuation ainsi que la prospérité dans votre travail. Jusqu’à présent nous avons besoin de votre aide par rapport aux besoins précités. »