Donner aux jeunes les moyens d'agir et transformer leur vie grâce au Sport for Change
Compte tenu de la complexité des défis du pays, Mercy Corps est plus que jamais engagé à travailler avec ses partenaires afin d'appuyer le gouvernement et les communautés maliennes à rétablir la paix et la stabilité tout en renforçant la résilience face aux crises humanitaires et climatiques. De 2019 à 2021, Mercy Corps a mis en œuvre le programme LAFIA (Peuple en paix) en collaboration avec son partenaire Think Peace. Ce programme financé par l’USAID visait à accroître la résilience des communautés urbaines et rurales du sud du Mali face aux conflits et à l'extrémisme violent. LAFIA s’articulait sur plusieurs activités dont le Sport for Change avec le renforcement de la cohésion sociale par la promotion de l’inclusion ethnique et le renforcement de la confiance et de l’estime de soi chez les jeunes.
Lamine Konaté, enseignant âgé de 32 ans est originaire du cercle Yélimané, dans la région de Kayes. Père de quatre enfants avec deux épouses, il est actif dans la société civile de sa commune où il est le président du comité de veille citoyenne depuis quatre ans. Lamine travaille de façon étroite avec la mairie auprès de laquelle il assure un suivi des recettes et dépenses. Il informe et veille sur l’intérêt de la population à travers divers forums et campagnes notamment sur le paiement des impôts. Avec son expérience en tant que coach sportif, il s’est directement proposé pour suivre la formation sur le Sport for Change dans le cadre du programme LAFIA afin d’encadrer un club de jeunes filles. « Mon équipe s’appelle FC Badenya, et ce nom n’est pas fortuit. J’ai longuement réfléchi et j’ai vu que les objectifs de Mercy Corps sont la cohésion, le vivre ensemble et l’entente ainsi dans FC Badenya, tout le monde s’y trouve. »
Le sport pour le changement va au-delà d’une seule localité, elles sont plusieurs à bénéficier du programme, et les impacts sont immédiats. Fanta Diago,17 ans et élève, est membre du club de basket FC Badenya. Pour elle, le club c'est un espace de retrouvaille pour apprendre, s'entraîner et se faire des amies. « Au début, chacun s’asseyait dans son coin. Mais depuis qu’on a commencé l'entraînement, on est uni et les petites palabres qu’on avait ont cessées. Tout le monde s’entend bien.»
Dans l’application du programme, Mercy Corps a initié plusieurs modules de formation sur les objectifs précités, pour amener les participants à être plus efficaces face à la gestion des conflits. Lamine a tenu à partager avec nous la façon dont il met en pratique ces acquis, surtout par rapport à l’estime de soi et au leadership. « Les formations de Mercy Corps à l’endroit des coachs portent essentiellement sur les bases de l’éducation humaine. Nous transmettons ces valeurs à notre tour aux membres du club en leur expliquant comment adopter les bons comportements, se faire confiance ou même comment chercher des postes. » Par rapport au sport collectif, Lamine ajoute : « Le premier des avantages de la création de ce club, est en réalité pour moi-même en tant que coach. Parce que le fait de rassembler 25 jeunes et travailler avec elles, ça lance ta carrière et ça te donne une certaine notoriété. En dehors du sport, socialement nous sommes tous devenus plus proches. Lors des événements, nous nous retrouvons chez les uns et les autres. Entre coachs également, on a mis un groupe sur lequel on discute tout le temps.»
Dans le cadre du programme LAFIA, Mercy Corps a rétabli le seul terrain de basket de la zone à la demande de la population. Décidée de commun accord, la réhabilitation du terrain de basket a été un projet communautaire porté par la jeunesse qui dispose désormais d’un espace d'entraînement approprié. Dans sa configuration, le club a intégré plusieurs membres de différentes localités pour être inclusif et permettre à un maximum de filles de participer aux activités.
« J’ai fait toute ma scolarité ici mais en cette période, le terrain n’était pas fonctionnel. Si l’on m’avait dit qu’un jour il pouvait être réhabilité, je n’y aurais pas cru ! Un jour ou l’autre, l’importance de ce travail sera reconnue à Yélimané car les jeunes ont maintenant l’opportunité de s’entrainer au Basket alors qu’à la base c’est le football qui se pratique le plus ici. Cette réalisation est donc une très grande fierté pour nous. »
L’espoir se nourrit de jour en jour. Critiquée au début de ces changements positifs, Fanta entend désormais continuer ses activités au sein du FC Badenya :« Je suis très contente parce qu’au début, quand on venait s'entraîner, on nous critiquait en disant qu’on allait se balader. Mais depuis que nous avons obtenu des maillots et des bonnes chaussures de sport, beaucoup de personnes nous envient. Avant, on n’avait pas un bon terrain mais maintenant si. »
Lamine Konaté a également fait face à plusieurs obstacles en tant que coach car les parents ne comprenaient pas le but de cette activité. « Au départ en tant que coach, j’ai eu des difficultés car j'entraîne des jeunes filles et le fait de porter des culottes le soir pour venir jouer n’était pas bien vu par les parents. C’était nouveau au sein de notre communauté, mais après nos efforts de sensibilisation, ce sont eux même qui poussent leurs enfants à venir s'entraîner. Quand elles s’absentent on leur demande pourquoi et quand elles sont malades c’est aussi eux qui nous en informent. »
Le Sport for Change a permis de rassembler des jeunes filles de divers horizons qui ne se côtoient pas. Elles se sont réunies autour d’un intérêt commun et ont tissé des liens sociaux forts à travers la pratique d’une activité sportive régulière. Pour Fanta, l'une des grandes difficultés en tant que membre, c’est le manque de moyen. Malgré les cours et les jeux intégrés, elle aimerait avoir accès à plus de matériels comme les baskets, les maillots et les ballons de meilleure qualité. « Ce serait également intéressant pour nous d’avoir encore plus de terrains de sports notamment de foot et de basket. »
Désormais, les jeunes de Yélimané entendent s’engager plus pour la pérennité du sport 4 change. « Nous, la jeunesse, nous nous engageons à entretenir le terrain et à encourager les gens jusqu’à ce que le basket ait du poids dans notre communauté. Dans les jours à venir, nous serons à un niveau que l’on ne soupçonne pas grâce à Mercy Corps. »
Le programme LAFIA mis en œuvre par Mercy Corps et Think Peace, financé par l’USAID visait à aider les communautés urbaines et rurales du sud du Mali à accroître leur résilience face aux conflits et à la violence extrémiste. 2000 jeunes dont 572 jeunes filles ont été engagés dans des activités récréatives et de renforcement des compétences de vie à travers l’approche Sport for Change. En tout, 62 clubs dont 22 clubs féminins ont pris part à 2064 sessions. Il a permis d'améliorer la compréhension de divers groupes de jeunes sur l’analyse de leurs griefs en y répondant de manière positive et pacifique.
Les sessions de Sport for Change continuent désormais dans la cadre du projet Ben ni Bassigui (Cohésion et Stabilité en langue bambara), dénommé aussi Building Resilience in Kayes and Sikasso (BRiKS). Financé par l’Union Européenne sur une durée de 18 mois, il vise également à renforcer la résilience des communautés aux conflits dans les zones de plus en plus à risque.
“J’ai réfléchi et j’ai vu que les objectifs de Mercy Corps sont la cohésion, le vivre ensemble et l’entente ainsi dans FC Badenya, tout le monde s’y trouve." — Lamine Konate, Coach de Sport 4 change.”